By Naide Obiang
« Pat s’est marié le week-end dernier. Tu savais ? »
La nouvelle arriva enfin. J’ai rapidement conclu la conversation et me suis assise au coin du canapé ; offusquée et désorientée dans l’espace qui autour de moi devenait de plus en plus brumeux et engloutissant. Mes paupières, téléguidées par le bruit matinal de mon fils de trois ans. Et sans me rendre compte, mes pensées plongèrent dans les souvenirs de mon mariage assassiné.
Assassiné par l’immaturité. Assassiné par le temps. J’étais amoureuse. Pat lui, Il m’a aimé à sa façon. Quand je devins enceinte, la « bonne » décision à prendre fut de se marier. Nous précipitâmes la cérémonie. Seule ma famille assista. Celle de Pat apprendra de notre union que le jour de la naissance de notre premier fils. Cela ne m’a pas dérangé du tout, du moment que j’étais mariée à l’homme que j’aimais.
Au fait, Pat ne m’a jamais officiellement demandé en mariage mais n’empêche que j’ai cru en notre amour. Ou plutôt, j’ai cru en mon amour pour lui, un amour qui aurait dû nous préserver, j’en étais convaincue. Après tout, nous étions des meilleurs amis avant la cohabitation. Pat était mon premier amour et j’étais déterminée à ce qu’il en demeure le dernier.
Hélas, au cours des années, mes prières se montrèrent impuissantes d’apaiser la douleur d’être mariés. J’espérais qu’un autre enfant réparerait le verre brisé, mais il aggrava encore la blessure. Un amour à sens unique et un autre enfant n’avaient tout simplement pas le pouvoir de le pousser à me vouloir, à me choisir, à m’aimer comme je le méritais. Clairement, notre mariage avait osé vivre au-delà de son temps.
Au début, nous avions tous les deux essayé de former une famille idéale, celle que nous n’avions pas eu la chance de vivre nous-mêmes dans notre enfance. Je ne lésinais pas sur les moyens pour garder mon mari. Mais de son côté, Pat avait beaucoup de difficultés à jouer son rôle. Les soupçons, les querelles et une rupture émotionnelle, tous enveloppés dans un drap d’intimité sexuelle abolie envahirent notre foyer. Lorsque l’évidence se montra encore plus obvie, je cédai. Mon époux me détestait. Et je ne pouvais plus l’ignorer. Son désir pour une autre vie, sans moi, n’était plus un secret.
Quelque mois avant l’arrivée de notre deuxième fils, Pat décida d’aller vivre dans un autre pays. J’étais invitée à le rejoindre, mais à mes propres risques. La fidélité ne m’était plus garantie. L’invitation n’était que par sens de devoir et non pas par amour. Il cherchait à être près de ses enfants. Après dix ans de vie en couple, il signa volontiers au divorce. J’ai eu la garde complète des garçons.
Peu de temps après, une rumeur commençait à circuler qu’il avait l’intention de se remarier le plutôt possible. J’ai fait semblant de ne pas m’en soucier ; après tout, c’est moi qui avais demandé la séparation. Étrangement, la nouvelle se trouva plus saumâtre que je m’y attendais. Comme si la douleur exposait un souhait caché.
J’avais aussi prié de me remarier avant lui. Alors je m’étais sentie doublement trahie. Mon ego saignait. Mon corps en rage. J’avais honte. J’avais mal. Ou était ce Dieu que je priais tant ? Pourquoi ne m’a-t-il pas épargné de cette énième humiliation ? Suis-je vraiment une si mauvaise femme ?
A mes cotes, Psaumes 23. Mon visage baignant sous une pluie de larmes. Je pris mon téléphone et lui envoya un texte le félicitant. Un ton de message reçu retentit immédiatement avec un seul mot : « Merci » – Comme si je ne méritais qu’un mot aussi prosaïque.
Alors, je retrouverai mon garçon qui jouait encore dans la pièce voisine. Je le pris dans mes bras et réalisa que tout n’était pas encore perdu. J’avais encore une chance, celle de recommencer ; cette fois ci, avec quelqu’un qui me voudra, me choisira, et m’aimera.