Par Christelle Kamanan

De tout temps le corps des femmes a fait l’objet de discussion. Il s’agit bien souvent de le restreindre, de le contraindre et de le réglementer. Le corps des femmes pose question, aux femmes elles-mêmes, aux hommes, à la société. Pourtant de liberté, de protection, de respect, d’amour il en est encore peu question.

Bien que ces sujets soient davantage présents dans l’espace médiatique, se présenter avec un corps féminin dans un lieu, quel qu’il soit, demeure aujourd’hui encore, un acte potentiellement dangereux.

Il n’est pas nécessaire d’aller bien loin. La récente polémique sur la tenue des lycéennes et collégiennes en France en est une illustration. L’institut de sondage IFOP a même mené une enquête d’opinion, dans laquelle il était demandé si le “no-bra” était approprié.
Et quel est le problème avec le fait de ne porter ni soutien-gorge, ni brassière ? Les tétons des seins des femmes et jeunes filles seraient trop visibles, donc dérangeants voire provocants !

Dans ce contexte, il est indéniable qu’affirmer sa présence dans un lieu, accessible au public, est un acte d’affirmation. C’est d’ailleurs ce que font les adeptes de la Booty Therapy.

La place, nous la prenons !

Les Bootykileuses, danseuses et danseurs pratiquant la Booty Therapy ont ambiancé la Alexanderplatzt, en plein centre de Berlin, un samedi de septembre, à une heure de grande affluence. Derrière leurs costumes et maquillage dorés, les Bootykileuses ont affirmé et proclamé leur engagement en faveur du respect, de l’intégrité et des droits des femmes, des personnes racisées notamment Afro-descendantes et des personnes LGBTQI+. La sensibilisation au respect de la nature était aussi à l’honneur.

Un événement engagé et militant auquel le public a répondu présent, et de manière très enthousiaste. On lisait aussi de l’étonnement sur les visages. En effet, on ne voit pas souvent des femmes s’approprier l’espace public et assumer leur présence physique sans complexe et avec autant de confiance ; même à Berlin, ville pourtant réputée alternative, ouverte d’esprit et avant-gardiste. Partout dans le monde, l’appropriation ou tout simplement la présence des femmes dans l’espace public, en dehors de rôles imposés et établis, se fait rare.
D’ailleurs plusieurs personnes du public ont posé la question suivante aux performeuses et performeur ” Comment faites-vous pour danser dehors, face à tant de gens et en étant autant à l’aise ? “
C’est l’effet Booty Therapy.

La Booty Therapy

La Booty Therapy a été développée en France, il y a environ 18 ans par Maïmouna Coulibaly. Au-delà des mouvements corporels, c’est un art vivant qui invite chacune et chacun à assumer pleinement son corps, découvrir et exprimer pleinement son potentiel par le biais de la danse.

Maïmouna, artiste aux talents multiples dont ceux de chorégraphe, actrice et metteuse en scène, a créé cette technique de danse en s’inspirant des danses traditionnelles africaines et afrodescendantes. Les mouvements sont centrés sur le bassin, sa flexibilité, la puissance des mouvements qu’il permet et sa symbolique.
Dans de nombreuses cultures non occidentales, le bassin est considéré comme le siège des émotions, un centre énergétique fondamental, un point d’équilibre de vie. En activant, remuant, secouant cette partie de son corps on ôte des blocages, on se débarrasse de divers maux, on gagne en stabilité.
Par exemple, dans la science du yoga (kémétique ou indien) considère le bassin comme le lieu de localisation du chakra sacré, premier centre d’énergie.
Au sein des peuples du royaume du Congo (Afrique Centrale), à l’époque précoloniale, la pratique de la ” Cumba ” était une danse centrée sur les mouvements du bassin. L’objectif était de célébrer la fertilité de la nature et des êtres humains. Cette danse a voyagé aux Amériques pour donner naissance quelques siècles plus tard à la Rumba cubaine, et enfin à la Rumba congolaise.
Les exemples sont nombreux et se retrouvent aussi en Asie du Sud-Est ou en Océanie.

A cela s’ajoute des mouvements Ragga, Dancehall, Kuduro, une grande dose de lâcher prise et une explosion d’énergie sur des rythmes entrainants.

La Booty Therapy en démonstration vidéo, par Maïmouna Coulibaly.

Transcendance, chorégraphie et performance de Maïmouna Coulibaly – conceptrice de la Booty Therapy

La Booty Therapy, engagée contre les violences faites aux femmes

La Booty Therapy ce n’est pas que de la danse pour soi, c’est aussi un concept qui permet de s’engager, de créer des liens entre les femmes, d’ouvrir le débat et de libérer la parole.

A l’occasion de la Journée Internationale pour l’Élimination Totale des Violences faites aux Femmes, le mercredi 25 novembre, le Mouvement pour la Booty Therapy, Maïmouna Coulibaly et les Ambianceuses présentent une convention spéciale sur le thème de l’affirmation de son pouvoir féminin.
Cet événement se déroulera en ligne, en français, en anglais et en allemand du 22 au 25 novembre.
Au programme : cours de Booty Therapy, temps d’échange sur les violences faites aux femmes, panels de discussion avec des experts et travailleurs sociaux, des témoignages, des projections de films documentaires, etc.

Pour en savoir plus, vous inscrire et participer, visitez la page Facebook de la Booty Therapy.

En dehors de cet événement, des cours de Booty Therapy sont disponibles toutes les semaines en ligne.

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