By Iris Ntore

Au moment où j’écris ce blog, le monde entier célèbre la journée de la femme.

Là où tout a commencé…

Il n’y a pas si longtemps encore, je n’affectionnais pas particulièrement cette fête. Ne vous méprenez pas, je suis bien consciente de la victoire que celle-ci représente pour la gent féminine, alors loin de moi l’idée de la minimiser. Comme la plupart d’entre nous, je célèbrerai toujours les différentes luttes qui ont été menées pour la cause de la femme, mais je pense que le malaise que me procurait cette journée internationale de la femme me remonte en fait à mon enfance.

Voyez-vous, j’ai grandi dans une société où le statut de la femme était trop souvent restreint à un rôle d’épouse, de mère au foyer, de procréatrice.

J’ai grandi en voyant ma mère se battre pour trouver une place dans certains milieux largement dominés par les hommes, que ce soit en affaires comme en politique. Elle devait se démarquer et s’imposer pour montrer qu’elle avait aussi sa place et son mot à dire.  Au final, ce fut une victoire, mais malheureusement, c’est loin d’être le cas pour toutes les femmes.

Dans cette même société, les petites filles se devaient non seulement d’être de bonnes élèves à l’école, mais devaient aussi s’affairer aux tâches ménagères du domicile familial.  Avant l’apparition des premières menstruations, il leur était permis de jouer avec les garçons de leur âge et de se sentir égales à leurs pairs. Cependant, dès l’apparition de leurs premières menstruations,  les jeunes filles étaient mises à l’écart, leur éducation consistant dorénavant de conseils afin d’éviter de tomber enceinte trop rapidement et d’astuces afin de se préparer à devenir une future bonne épouse et mère de famille.

Bref, très jeune déjà, je ressentais que la société ne me trouvait aucune valeur particulière en tant que fille. J’enviais les garçons qui avait toute la liberté! D’eux on vantait sans cesse les mérites, leur intelligence, capacités physique, force de caractère, ténacité…

Je garde tout de même un souvenir joyeux de la fête internationale de la femme. Je me souviens encore de l’effervescence qui accompagnait les rassemblements de femmes, jeunes ou âgées suivies d’une ribambelle de jeunes filles, d’origines et statuts sociaux différents qui défilaient parfois en habits traditionnels pour célébrer cette journée ensemble. C’était une grande fierté pour moi.

Mais, les discours des camarades ou des professeurs masculins n’étaient jamais des discours de célébration. Certains nous faisaient comprendre que nous n’avions droit qu’à une journée pendant laquelle on était célébrée mais les autres 364 journées de l’année leur appartenaient. Bien sûr ça me révoltait comme pas possible. Alors très jeune, j’avais commencé à me disputer avec des camarades ou des professeurs masculins quant au statut des femmes. Je voulais faire valoir la cause des femmes. Toutes ces disputes étaient vaines bien sûr, mais je ne pouvais pas accepter qu’on nous traite de sexe inferieur dans tous les sens.

Les paroles qui m’ont le plus marquées, sont celles d’un professeur affirmant que le monde était condamné à cause des femmes. Cette théorie qu’Ève soit la cause de tous les maux du monde, je l’ai souvent entendue. J’en suis venue à me demander si Ève avait forcé la main d’Adam pour qu’il mange le fruit défendu? Mais bon, passons.

L’âge du désenchantement…

En tant que femmes atteignant l’âge adulte, nous  perdons rapidement tout espoir que les choses changent. Nous faisons face avec désillusion au fait de ne pouvoir être considérées et valorisées pour qui nous sommes. Le traitement accordé aux femmes dans le monde entier ne peut que renforcer ce sentiment de découragement.

Encore aujourd’hui, dans certains coins du monde, la femme est considérée comme le sexe faible, comme un être inférieur. On termine des grossesses, et tue parfois de jeunes bébés sous le seul prétexte que ce sont des filles, et donc de valeur moindre. De très jeunes filles subissent l’excision car selon les mœurs, elles n’auraient pas besoin d’éprouver de plaisir sexuel et cela permet de les garder pures jusqu’au mariage. D’autres jeunes filles se font kidnapper, trafiquer et sont forcées à se prostituer…

Je reconnais que beaucoup de progrès a été fait mais en tant que femme, il est encore difficile en 2017 de trouver sa propre place dans une société qui nous a déjà assigné la nôtre; celle de “femme”.

Pour toutes ces raisons, j’avais personnellement décidé de boycotter la journée internationale de la femme.

Cependant, avant de devenir mère, j’avais déjà commencé à m’accorder plus d’importance en tant que femme. J’ai appris à accepter que nous avons toutes une force propre à nous et que nous avons droit à notre place dans ce monde. Puis, lorsque j’ai eu ma fille je me souviens avoir pensé qu’il se devait d’y avoir plus pour nous, les femmes de ce monde! Maintenant, je peux affirmer haut et fort que je n’échangerais ma place pour rien au monde!

Nous avons de la valeur…

Dans un monde où la société ne décrit pas toujours la femme en des termes élogieux, où celle-ci doit constamment lutter pour faire valoir ses droits, trouver sa place et se faire entendre, je ne renonce pas à l’espoir qu’il y a mieux et plus pour nous.

Avec le temps, j’ai compris que ma valeur ne réside absolument pas dans ce que la société pense de moi ou en dans les termes avec lesquels elle me définit. J’ai découvert que nous étions PLUS que ce que notre société ou culture semble en dire! Nous sommes fortes, intelligentes, courageuses, persévérantes, patientes, entreprenantes, et plus encore.

Nous aussi, nous pouvons aspirer à de grandes choses et rêver de sortir des sentiers battus. Nous pouvons TOUT faire! D’astronaute à PDG, de médecin à chef d’un gouvernement, de pilote à juge… Notre épanouissement ne doit pas seulement dépendre de notre status d’épouse ou des mère. Nous sommes PLUS que ça!

Je veux croire que nous sommes davantage que cela parce que je refuse de croire que les femmes sont des citoyennes de seconde classe. Nous ne sommes pas ‘’le sexe faible’’ ou des êtres inférieurs. Nous sommes des êtres humains à part entière et des personnes ayant de la valeur. Nous pouvons marquer la société dans laquelle nous vivons par les empreintes que nous laisserons!

Le dernier mot revient à l’éducation…

En ce dernier 8 mars, je pense qu’il y a encore du chemin à parcourir quant aux conditions des femmes dans le monde.

Est-ce que je crois qu’il est possible de reconfigurer la manière de raisonner de notre société et groupes sociaux? Oui. J’y crois.

En effet, est-ce que ce ne sont pas les femmes qui donneront naissance à ceux et celles sur qui reposera la société de demain? Ne sont-elles pas celles qui procèdent en premier lieu à l’éducation de nos enfants?

Alors chères mamans, tantes, sœurs, grands-mamans… Éduquons nos petites filles et petits garçons de la même façon, rappelons à nos filles que leur statut de femme ne doit pas être une barrière pour elles, mais un atout. Enseignons à nos fils à respecter les filles et les femmes et à les considérer comme leurs égales. Bref, faisons de nos enfants des êtres EGAUX!