By Iris Ntore

Court extrait

« L’Amérique, ce n’est pas ça du tout;

C’est un pays plein de mensonges et gens qui aiment entendre des mensonges …

Que ceux qui ont perdu la raison croient aux mensonges et restent ici à jamais,

En espérant que la situation s’arrangera et qu’ils seront heureux un jour. » P.369

Résumé

A la poursuite du rêve américain, Jende JONDA quitte Limbé au Cameroun pour New York. Sa femme Neni et leur fils Lomi le rejoignent au bout d’un moment et s’installent dans un petit appartement à Harlem. Les voilà enfin aux États-Unis, Jende pouvait enfin devenir quelqu’un.

Malheureusement, tout ne se passe pas comme il l’avait prévu. Vivant dans la clandestinité, Jende est obligé de cumuler des petits boulots pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille et payer les études en Pharmacie de Neni.

La chance lui sourit lorsqu’il décroche un job de chauffeur personnel pour Clark Edwards, un riche banquier à Times Square. Tout au long du livre, la relation entre le chauffeur et le patron va devenir intime et leurs deux familles se lieront d’affections.

Ses quelques moments de bonheur tournent au cauchemar lorsque la crise des subprimes éclate en 2007. Jende perd son boulot. La perte de cet emploi et son statut illégal l’oppriment pendant un moment. Et il doit prendre une décision qui changera à jamais le cours de la vie de sa famille.

Ce que j’en ai pensé

Ce livre m’a procuré un lot d’émotions : des rires, des larmes, de la déception et de la colère. Il y avait des jours où je dévorais les pages sans m’en rendre compte et d’autres jours où je n’osais pas continuer, de peur de connaître la fin. C’est un livre bouleversant, on est pris de compassion pour la famille de Jende qui vit des épreuves difficiles.

Le livre décrit à merveille les émotions humaines, ce qui le rend réaliste. J’ai été subjuguée par l’histoire et sa fin. J’ai ruminé la fin pendant des semaines (mon mari en est témoin).

Après avoir lu en 2015 « Americanah » de Chimamanda Ngozi Adichie, le résumé de « Voici venir les rêveurs » m’avait attiré. L’auteure Imbolo Mbue dépeint les sentiments que vivent certaines personnes qui quittent leur pays natal en Afrique afin de poursuivre un rêve en Occident. L’histoire de Jende et Neni rappelle que le succès en Occident n’est jamais garanti. Les immigrants d’origine africaine vivent la frustration lorsque le rêve qui les a poussés à partir ne se réalise pas, tel un mirage. L’immigrant semble déconcerter, désillusionné, et sans espoir. En tant qu’immigrant, on passe par là au moins une fois dans notre vie.

Pour couronner le tout, il arrive qu’on ne se sente pas à notre place. On voit que nos chances sont limitées, peu importe ce qu’on fait. Au bout du compte, on réalise que l’on doit fournir trois fois plus d’effort que ceux du pays.

D’un autre côté, l’histoire de Jende et Neni est pleine d’espoir. C’est le portrait d’une lutte humaine contre les craintes, les doutes et les désespoirs qui ne font que nous éloigner de nos rêves. Nul doute que pour poursuivre nos rêves il est essentiel d’affronter ses démons.

Au fond, émigrer vers un pays est une chose mais y rester une autre. Tout immigrant fait face à deux choix : rester et continuer à se battre pour trouver sa place ou retourner chez lui, prêt à recommencer sa vie loin d’un rêve inaccessible.